AVA
s'intéresse à la diversité des points de vue et des expériences,
à toutes les façons de vivre l'asexualité. Pour donner de la
visibilité à cette diversité, nous publions régulièrement des
témoignages de personnes qui nous parlent le leur asexualité avec
leurs propres mots.
Aujourd'hui Julien, Laura, Hervé, Isilua, Pepapig, Oriane et Sophie nous racontent comment ils vivent leur asexualité au quotidien.
Aujourd'hui Julien, Laura, Hervé, Isilua, Pepapig, Oriane et Sophie nous racontent comment ils vivent leur asexualité au quotidien.
Je vis très bien mon asexualité. Il
est fort possible qu’elle explique que je n’ai jamais eu de
relations sentimentales, puisque je n’imaginais pas qu’il était
possible de vivre en couple sans sexe. Et il n’était pas question
que je fasse des concessions sur ce sujet. Mais je le regrette pas,
cela m’a permis une certaine insouciance (au sens premier du
terme : zéro préoccupation), et donc un bilan neutre, voire
positif (qui dit absence de mis en relation, dit absence de
rupture !).
Dans mon entourage, celles et
ceux qui me savent asexuels le comprennent très bien. C’est
tellement moi…Par contre, la société me renvoi en permanence des
images de mon «anormalité». Certes, je peux aspirer à des désirs
de vie simples, emprunts de liberté (se contenter d’un vélo et de
sa remorque pour faire les courses par exemple) (quoique des familles
vivent très bien du tout vélo, y compris pour déposer/aller
chercher leurs enfants à l’école !). Mais les personnes autour de
moi adorent les enfants, aspirent à fonder une famille…tout le
contraire de moi. Et ce sujet du sexe qui revient trop souvent dans
les conversations…
Hervé
Personnellement, je n’en souffre pas
pour l’instant mais il est clair que j’ai peur de vieillir seule.
Cela me tracasse surtout quand je suis en mauvaise santé ou qu’il
fait du temps tout pourri. Il est evident que mon asexualité
m’empêche de vivre en couple. J’ai donné 20 ans de ma vie pour
que mon couple fonctionne et cela a foiré. Quelque part, je suis
amère. Pourquoi le sexe tient-il une telle place dans notre société?
Quand un homme me sourit, j’ai envie
de lui lancer à la tête “Te fatigue pas, je couche pas!”
Deux amies,un ami, ma soeur et mon
ex-mari savent que je suis asexuelle. Parmi ces 5 personnes, 2
pensent que ce n’est pas possible, que je vais trouver quelqu’un
qui va ma prouver le contraire. Heureusement, les 3 autres ont
compris et ne me jugent pas.
Pepapig
Est-ce que tu as le sentiment de
souffrir à cause de ton asexualité ?
Non
Penses-tu ou as-tu déjà pensé que tu
avais un problème ?
Oui avant de connaitre l’existence de
l’asexualité à cause de la société qui nous enseigne qu’il
faut avoir des relations sexuelles.
As-tu souffert de cette situation ? Te
sens-tu seul(e) ?
Non
As-tu le sentiment que ton asexualité
t’empêche d’avoir les relations de couple, sentimentales que tu
voudrais avoir ?
Non
As-tu le sentiment que tes proches ou
la société en générale considère ton rapport comme anormal ?
Personne ne me considère anormal.
Parles-tu de ton asexualité? Pourquoi?
Si oui, à qui? Quelles ont été les réactions?
J’en parle pas beaucoup autour de moi
mais plutôt dans la presse ou la télévision pour que les gens
découvre ce que c’est, que ce n’est pas anormal, et découvre
peut être comme ce fut le cas pour moi qu’ils sont eux même
asexuel et ne considère plus leur indifférence du sexe comme une
maladie.
Julien
Personnellement j'en souffre chaque jour, j'ai peur d'être seule, de ne pas trouver mon âme soeur; or je souhaite un jour vivre paisiblement avec un homme et fonder une famille. Depuis que j'ai découvert mon asexualité, je me sens un peu seule, malgré que j'ai pu discuter avec d'autres asexuels, mais depuis quelques jours seulement je discute avec un asexuel qui semble me correspondre et cela me réconforte. J'ai beau expliquer mon cas, mes ressentis et le fait que je ne suis pas seule au monde à être comme ça, mes proches comme les personnes avec qui j'ai simplement discuté sur internet, semblent ne pas vouloir comprendre. J'en parle quand cela me parait nécessaire, c'est-à-dire à certains membres de ma famille, ainsi qu'à quelques rares hommes qui m'ont plu mais avec qui je ne suis pas restée. Les réactions sont malheureusement toujours les mêmes de la part de n'importe quels sexuels: soit je suis lesbienne, soit j'ai un problème psychologique, soit je ne suis pas tombée sur la bonne personne, soit j'interprète mal mes ressentis...
Laura
Personnelement je vis mon Asexualité
très bien.
La première raison car ça me ferait
réellement mal au coeur de me sentir "attiré" par le
sexe, et ainsi perdre de mon temps libre pour une chose futile. La
seconde car j'aime bien avoir cette angle de vue différent des
autres. Je suis une personne qui parle peu, ... ok trèèèèès peu
^^ et quand j'entends mes collègues parler, ça me fait penser que
l'asexualité est une chance ...
De plus ça ne me cause pas de souci de
frustration ou de problème pour être en couple ... car je suis très
bien tout seul.
Point de vue communication, je ne parle
que rarement de ça. J'en ai parlé à 2 personnes :
- ma mère, qui n'a pas compris et
espère me voir marié avec 3 enfants et blablabla ...
- Un collègue qui est aussi un très
bon pote, qui a je pense compris.
Par contre je prends un plaisir fou à
m'amuser avec les questions qui pourraient vexer, leur lancer des
tacles. Du style :
- T'as pas de copine ?
- Non, pourquoi ?
- Bha ... je sais pas à notre age on a
tous une copine non ?
- Ou pas, au moins je suis libre de
faire ce que je veux quand je veux.
Ou encore
- Et t'as jamais fait l'amour ?
- Ha, parce que ça se pratique l'amour
?
- Bha ... oui,
- T'es au courant que se taper une
fille et l'aimer ça peut ne pas etre lié ?
- Bheu ... o_O
Isilua
Est-ce que tu as le sentiment de
souffrir à cause de ton asexualité ? Pourquoi ? Penses-tu ou as-tu
déjà pensé que tu avais un problème ?
Oui parce que ma famille proche ne
reconnaît pas la chose. Comme si je m’inventais des films et
éprouvais un plaisir à me poser en victime alors que je devrais
chercher juste la solution au problème. Bref, ils n’entendent pas
que ce n’est pas à mes yeux un problème.
As-tu souffert de cette situation ? Te
sens-tu seul(e) ?
Seulement au sein de réunions de
famille. Sinon, non, mes amis sont bien plus tolérants. Ils sont
capables, eux, d’accepter ce qu’ils ne comprennent pas
nécessairement.
As-tu le sentiment que ton asexualité
t’empêche d’avoir les relations de couple, sentimentales que tu
voudrais avoir ?
Alors pas du tout, je mène une vie
rêvée à ce sujet. Que de longues relations de couple. Comme je
refusais les amourettes, les trucs d’un soir à trophées
adolescents, j’ai attendu les 16ans pour me remettre en couple
après un essai d’enfance.
As-tu le sentiment que tes proches ou
la société en générale considère ton rapport comme anormal ?
Ma mère oui. Elle part dans une
théorie d’hormones perturbés par le traitement chimique de mon
épilepsie ou une pseudo absence d’empathie qui sort
d’on-ne-sait-où. Mes amis eux, n’ont pas besoin de comprendre
quelque chose pour l‘accepter. Mais moi je n’ai rien à cacher et
étant donné que cela influence fortement mes réactions, je préfère
l’indiquer. Il n’est pas rare de voir débarquer le sujet des
attirances et du sexe, autant mettre les choses au clair.
Oriane
J’ai longtemps
souffert de l’asexualité, car je me sentais seule, je ne
comprenais pas mon problème, et je pensais que jamais, je ne
trouverai quelqu’un qui accepterait mon asexualité. Depuis que je
me suis inscrite sur le forum AVEN, j’ai compris que je n’étais
pas seule, et que je pourrais également vivre ma vie avec un autre
asexuel. J’ai aussi compris les points positifs de l’asexualité.
En revanche, cela n’enlève pas mon envie de résoudre ce que,
personnellement je considère comme un handicap social : je ne
veux pas choisir mon futur compagnon en fonction de son asexualité.
Je veux choisir quelqu’un qui me plait pour ce qu’il est, et
pouvoir avoir des relations sexuelles avec lui.
Quand mes amis me décrivent leur vie
sexuelle et surtout, leur épanouissement sexuel : le fait de
fusionner, de vouloir vivre un moment intense à deux, …je rêve de
pouvoir également vivre ça.
Je pense qu’il ne faut pas diaboliser
le sexe lorsqu’on est asexuel. Moi, je souhaite prétendre au
plaisir sexuel (car dans mon cas, pas de désir, va de paire avec pas
de plaisir) et même si je dois y passer ma vie pour y accéder, je
mènerai ce combat !
Mes amis les plus proches sont au
courant de mon asexualité, et cela ne les gêne pas. En revanche
pour moi c’est un réel problème car je ne suis pas à l’écoute
de mes sens. J’aimerai que mon corps m’avertisse et m’envoie
des signaux quand quelqu’un me plait. Je souhaite le voir réagir.
J’ai eu énormément de relations amoureuses qui se sont toutes
achever car je préférai y mettre un terme plutôt que de devoir
« simuler ». Parallèlement je n’avais jamais de
sentiments pour la personne, ce qui brouillait toujours la recherche
de la piste idéale !
En ce qui concerne la société, je
pense que la société considère l’asexualité comme anormale. Je
pense même que beaucoup de personne ne savent pas que ça existe.
Beaucoup pense que c’est un problème uniquement féminin, et que
c’est la frigidité, non l’asexualité. L’asexualité peut
aussi apparaître pendant la vie de couple, et beaucoup peuvent se
dire que cette perte de plaisir est la fin du couple. Quoi qu’il en
soit, j’estime que cette surmédiatisation du sexe passe surtout
par le fait de « bruler » les étapes. Dès qu’il y a
un début de relation amoureuse, on passe tout de suite à l’étape
sexuelle, et non à l’étape « d’amour ». Je trouve
cela dommage de se dire « si ça ne fonctionne pas au lit ça
ne fonctionnera pas ailleurs ».
Sophie
Si
vous aussi avez envie de donner votre perspective sur l'asexualité,
de raconter votre propre histoire avec vos propres mots, n'hésitez
pas à nous contacter à l'adresse:
paroles.asexualite[at]gmail.com
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